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ENS Mathématiques BCPST 2007

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Algèbre linéaireRéduction
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Filière BCPST

MATHÉMATIQUES

Epreuve commune aux ENS de Paris, Lyon et Cachan

Durée : 4 heures

L'usage de calculatrice est interdit.

Ce sujet concerne la coexistence de formes alléliques distinctes d'un même gène ( ) dans une population diploïde.
Il comporte cinq parties de difficulté croissante qui ne sont pas complètement indépendantes : toutes les équations numérotées sont susceptibles d'être utilisées à un stade ultérieur du sujet. Toutefois, à condition de lire l'introduction de chacune des parties, les candidats pourront aborder celles-ci dans l'ordre qui leur conviendra.
Il est recommandé de lire les énoncés attentivement et patiemment. Il est demandé de veiller au soin de la présentation, ainsi qu'à la rigueur et à la concision des raisonnements.

Notations

L'ensemble des nombres réels est noté et celui des nombres réels strictement positifs . L'espace vectoriel des matrices réelles à lignes et colonnes est noté .
On désigne par le vecteur colonne dont toutes les composantes sont égales à 1 . Ainsi la somme des composantes d'un vecteur colonne peut s'écrire , où désigne la transposée de X (vecteur ligne).
Pour tout signifie que tous les coefficients de B sont positifs ou nuls. On appelle distribution tout vecteur tel que et .
Pour toute matrice carrée et tout nombre réel , on note la dimension du sous-espace vectoriel , où I désigne la matrice-identité :
Ainsi est valeur propre de B si seulement si . On dit que est la multiplicité de la valeur propre .
Le spectre de B, c'est-à-dire l'ensemble de ses valeurs propres, est noté . Afin de conserver l'information sur la multiplicité de chaque valeur propre, on utilisera la notation pour le vecteur contenant chaque valeur propre répétée fois. Ainsi , tandis que .
Enfin pour tout sous-ensemble de désignera le nombre de valeurs propres de appartenant à U et comptées avec leur multiplicité :
où les termes non nuls de la dernière somme sont en nombre fini.

Introduction

Dans une population diploïde panmictique, on s'intéresse à un gène existant sous la forme de allèles , avec . On désigne par la proportion de gamètes qui portent l'allèle . En particulier, le vecteur ayant pour composantes est une distribution, appelée distribution allélique.
On suppose également que tous les organismes issus d'un zygote ont le même taux de reproduction, noté . Ainsi, il sera toujours supposé que la matrice carrée est non nulle et symétrique.
La dynamique des distributions alléliques d'une génération sur l'autre est donnée par (1), où désigne la distribution allélique à la génération qui suit :
ù
Remarquer que est bien une distribution (qui n'est définie que si ). On appellera la viabilité globale de la population et la viabilité marginale de l'allèle .

Première partie : Préliminaires

On dira qu'une distribution allélique P est un équilibre si . Si de plus pour tout , on parlera d'équilibre non dégénéré.
  1. Montrer que si P est un équilibre non dégénéré, alors tous les allèles ont la même viabilité marginale, égale à la viabilité globale de la population :
  1. Soient P et Q deux équilibres non dégénérés. Montrer que
Désormais on désignera par la viabilité globale de la population en tout équilibre non dégénéré (lorsqu'il en existe au moins un).

Deuxième partie : Unicité de l'équilibre

On supposera dans cette partie qu'il existe un équilibre non dégénéré P . Il s'agit d'établir un critère nécessaire et suffisant sur la matrice pour que soit l'unique équilibre non dégénéré.
Soit le sous-espace vectoriel de d'équation . Précisément, il s'agit dans la suite de démontrer l'équivalence :
ééééé
  1. Soit Q un autre équilibre non dégénéré.
    a) Montrer que .
    b) En déduire un des deux sens de l'équivalence (4).
  2. On suppose dans cette question qu'il existe un vecteur non nul .
    a) Soit
Montrer que est bien défini et que . Montrer que pour tout , les composantes du vecteur sont toutes dans , et que leur somme vaut 1 .
b) Conclure.
3. Soit
a) Caractériser .
b) Exhiber deux équilibres non dégénérés distincts et calculer .

Troisième partie : Un principe fondamental de la sélection naturelle

Il s'agit ici de démontrer que la viabilité globale de la population est une fonction croissante du temps. Il faudra parfois se servir, sans la démontrer, de l'inégalité de convexité suivante :
qui est valide pour toute puissance réelle , pour tout , et pour toute distribution B .
  1. Montrer que la viabilité globale à la génération qui suit vaut
  1. a) Établir l'inégalité suivante
b) Montrer que
  1. Montrer que
  1. a) Montrer que
b) Conclure.

Quatrième partie : Stabilité des équilibres non dégénérés

Soit P un équilibre ( ). Si partant de toute distribution allélique sensiblement différente de P , les distributions alléliques futures de la population convergent vers P , l'équilibre P sera dit stable. Au vu de la partie précédente, un équilibre P est stable si et seulement si est un maximum local strict de viabilité.
Dans cette partie, on suppose qu'il existe un équilibre non dégénéré et l'on cherche à déterminer à quelle condition est un maximum local de viabilité. L'objectif est de prouver les deux équivalences suivantes :
est un maximum local de viabilité

est un maximum global de viabilité

,
  1. a) Montrer que où R est une matrice dont on donnera les caractéristiques, et D est une matrice diagonale dont on qualifiera les éléments.
    b) En déduire que .
Indication. Considérer les quantités du type XAX.
2. On désigne par la norme euclidienne sur , définie par .
a) En écrivant toute distribution allélique S sous la forme , montrer que est un maximum local de viabilité ssi
b) Montrer que cette dernière équation est équivalente à
c) Soit . Prouver (5) et montrer que est un maximum global de viabilité ssi
  1. Déduire des questions précédentes que si est un maximum de viabilité, alors .
  2. Réciproquement, on suppose dans cette question que . Sans perte de généralité, on écrira , avec .
    a) Montrer que .
    b) Soit Y tel que . Démontrer l'inégalité suivante
c) Conclure.
5. On souhaite ici appliquer les équations numérotées (4) et (6) au cas particulier où tous les hétérozygotes ont le même taux de reproduction égal à 1 et tous les homozygotes ont le même taux de reproduction égal à , avec .
a) Expliciter la matrice A et montrer que et sont des valeur propres de A dont on précisera la multiplicité.
b) Montrer qu'il existe au plus un équilibre non dégénéré.
c) Montrer qu'il existe un équilibre non dégénéré réalisant un maximum de viabilité dont on précisera la valeur.

Cinquième partie : Extinction d'allèles

Le but de cette partie est d'étendre le résultat de la partie précédente en répondant à la question suivante : si A a plus d'une valeur propre strictement positive, combien d'allèles en proportions non nulles peut compter un équilibre stable (alors dégénéré) ?
On dit d'une matrice B obtenue à partir de A après lui avoir ôté lignes et colonnes indicées par un même sous-ensemble de , qu'elle est une sous-matrice principale de A d'ordre .

A Un théorème de Cauchy

Dans toute cette sous-partie, B désigne une sous-matrice principale de A d'ordre . Soit D la matrice diagonale d'ordre dont les coefficients sont exactement les éléments de .
  1. Montrer qu'il existe une matrice réelle inversible V d'ordre , un vecteur colonne à composantes réelles, un nombre réel , tels que
Jusqu'à la fin de cette sous-partie, on notera l'ensemble des indices correspondant aux composantes non nulles de l'ensemble des éléments de indicés au moins une fois par
, et l'ensemble de tous les entiers indiçant un élément de :
  1. Montrer que pour tout réel et tout vecteur X ,
  1. Soit . Supposons que s'écrive .
    a) Montrer que est aussi le noyau d'une application linéaire à valeurs dans , à préciser, du sous-espace vectoriel de , où .
    b) En déduire, grâce au théorème du rang, que .
  2. Pour tout , on définit
Soit l'ensemble des racines de . En cherchant dans chacun des deux cas une base de , établir les deux implications suivantes :
  1. Soit le nombre d'éléments distincts de , et ces éléments.
    a) Donner le domaine de définition de .
    b) Soit ] [ un intervalle quelconque de intersectant en de ses points. Montrer graphiquement que s'annule au plus fois sur cet intervalle.
    c) Prouver le théorème de Cauchy : pour tout intervalle de ,

B Nombre d'allèles survivants

  1. Soit B une sous-matrice principale de A d'ordre . Montrer que
  1. En utilisant les équations numérotées (5) et (6), déduire de la question précédente que si A a valeurs propres strictement positives comptées avec leur multiplicité, un équilibre ne peut réaliser un maximum local de viabilité que si au moins allèles y sont en proportions nulles.
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