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X ENS Physique MP 2025

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ECOLE POLYTECHNIQUE ECOLES NORMALES SUPERIEURES

CONCOURS D'ADMISSION 2025

MERCREDI 16 AVRIL 2025 08h00-12h00
FILIERE MP - Epreuve n
PHYSIQUE (XULSR)

Le sujet comprend 8 pages, numérotées de 1 à 8. L'usage des calculatrices n'est pas autorisé. Les résultats numériques peuvent être donnés avec un seul chiffre significatif.

La lévitation électrique

Certains objets peuvent être maintenus en lévitation à l'aide de forces électriques, optiques, magnétiques ou acoustiques. Stabiliser la lévitation de particules de taille micrométrique représente aujourd'hui un enjeu crucial en physique fondamentale, ainsi que pour le développement de capteurs de forces ultra-précis.
Dans cette étude, nous cherchons à identifier les régimes dans lesquels la lévitation électrique est stable, c'est-à-dire où la particule reste à la même position moyenne au cours du temps. Dans ce but, il est essentiel que l'oscillateur harmonique, qui décrit le mouvement de la particule, soit suffisamment rigide pour résister aux perturbations, qu'elles soient intrinsèques (comme les asymétries des pièges) ou environnementales (par exemple, les collisions avec des particules de gaz ou le chauffage provoqué par le laser d'imagerie). Les particules étudiées possèdent des électrons fixés à leur surface par des liaisons chimiques. Nous supposons, pour l'ensemble de cette étude, que ces charges restent immobiles à la surface des particules.
La dernière partie (concernant l'analogie mécanique) peut être abordée de manière indépendante du reste de l'étude.

Données, notations et formulaire

La particule à piéger est une particule en diamant, de masse volumique , parfaitement sphérique, de centre C , de diamètre et de masse . Cette particule est chargée négativement sur sa surface. Dans les parties 1 et 2 , elle est supposée ne porter qu'une seule charge électronique, .
Pour les applications numériques, on adoptera les valeurs suivantes :
  • La constante de Boltzmann :
  • La charge élémentaire :
  • La vitesse de la lumière dans le vide :
  • L'accélération de la pesanteur :
  • La masse du proton :
  • La masse de l'électron :
Les dérivées temporelles première et seconde d'une grandeur dépendant du temps seront notées respectivement et .
On rappelle l'expression du moment d'inertie d'une particule sphérique homogène, de diamètre et de masse , par rapport à un axe passant par son centre :
Enfin, on rappelle la formule du double produit vectoriel :

1 Le piège électrique

Figure 1: Schéma d'un piège électrique en anneau. Un générateur délivrant une tension est connecté entre la masse et le fil à gauche du piège. Le schéma de droite est une coupe du piège dans le plan . L'axe vertical est un axe ascendant.
  1. On considère un piège électrique en forme d'anneau tel que celui montré à la Fig 1, placé dans le vide. On se donne un repère tel que est au centre du piège et est l'axe de symétrie de révolution de l'anneau. On note et les vecteurs unitaires de ce repère. On note par ailleurs le rayon de l'anneau, en ignorant son épaisseur, exagérée sur la figure.
    À une position de coordonnées ( ) proche du centre du piège, où et sont donc tous très petits devant , le potentiel électrique , dans le vide, prend la forme
est la tension appliquée entre le piège et la masse (supposée à une distance de celui-ci grande devant ), et est un facteur sans dimension qui dépend de la géométrie du piège. On suppose jusqu'à la question 9 incluse que le fil (à gauche du piège) où se connecte le générateur perturbe peu le potentiel au centre du piège et qu'il y a invariance parfaite du potentiel par rotation autour de .
Déterminer les coefficients et .
2. On place maintenant une particule supposée ponctuelle, de charge , au centre du piège. Pourquoi ne peut-elle pas y léviter de manière stable ?
3. Pour résoudre ce problème, on impose une tension variable au cours du temps, de sorte que la particule est maintenant soumise au potentiel dépendant du temps
. Écrire l'équation du mouvement pour les trois composantes du vecteur position de la particule dans le repère , soit , sous la forme
en faisant apparaître 3 paramètres ( ) que l'on écrira , où est une constante numérique et . On indiquera les valeurs de et .
4. On suppose que . On admet que la variable peut alors s'exprimer comme une somme de deux variables, , où varie sur une échelle de temps beaucoup plus grande que et est un signal périodique de pulsation tel que et ses dérivées sont de moyenne nulle sur une période d'oscillation du potentiel. Montrer, en justifiant soigneusement chaque étape du raisonnement, que
représente une moyenne sur une période d'oscillation, définie par
pour une grandeur quelconque dépendant du temps.
5. Dans cette question, on néglige toutes les harmoniques de pulsation supérieure ou égale à .
a - Quelle est la forme la plus générale de respectant les conditions spécifiées?
b - Exprimer en fonction de et , puis en déduire l'expression de en fonction des mêmes grandeurs. On justifiera soigneusement le raisonnement.
c - Dans le régime , que peut-on dire de par rapport à ?
6. Montrer que la variable lente a une dynamique qui se réduit à celle associée à un potentiel harmonique effectif
qui ne dépend pas du temps et dont on donnera la fréquence propre . Comparer à .
7. Puisque le potentiel électrique donné à la question 3 est de moyenne temporelle nulle, on aurait pu s'attendre à ce qu'il n'y ait pas de force de rappel. Expliquer, avec des dessins montrant la dépendance temporelle et spatiale de la composante de la force électrique selon la direction , dans le régime , pourquoi la particule subit bien, en moyenne sur une période , une force de rappel. On distinguera deux cas avec deux positions initiales et . Pour fixer les idées, on prendra , sachant que le même raisonnement s'appliquerait pour .
8. Pourquoi faut-il que ne soit pas trop petit pour satisfaire aux critères d'une lévitation stable définie dans l'énoncé ?
9. On suppose que permet d'obtenir un bon confinement dans la direction , dans un piège où , et . La particule a toujours un électron à sa surface. Pour quelle gamme de tension électrique obtient-on un bon confinement dans cette direction?
10. On souhaite prendre en compte le fil qui permet de connecter le piège au générateur de tension (voir Fig. 1) dans le modèle. L'influence de ce fil peut être modélisée par l'ajout au potentiel d'un terme supplémentaire, anharmonique, de la forme
est une longueur dont on ne précise pas la signification ici. En quoi ce potentiel respecte-t-il la symétrie du piège incluant le fil ?
11. La présence du fil, et donc du terme anharmonique, modifie également l'expression de la partie harmonique du potentiel de l'Eq.(1), c'est-à-dire que les valeurs des coefficients ne sont plus nécessairement celles trouvées alors. On écrit donc cette partie harmonique sous la forme plus générale :
Quelles sont les deux équations que doivent vérifier les coefficients ( ) et ( )?

2 Quelques perturbations externes

  1. Le mouvement de la particule peut être traité comme celui d'un oscillateur harmonique à l'équilibre avec le gaz environnant à une température . Quel est l'écart-type de l'amplitude du mouvement dans la direction dans le cas où et ?
  2. Est-il alors possible de confiner cette particule dans un piège avec ?
  3. On n'a considéré jusqu'à présent qu'une particule portant une unique charge élémentaire. On admettra que notre approche est valable pour une particule portant une charge plus importante en valeur absolue, et que la pulsation est proportionnelle à cette charge. On prend alors une particule avec une charge suffisante pour que . Déterminer la position d'équilibre du centre d'inertie de cette particule dans la direction , en présence de la gravité terrestre, dont la direction est indiquée sur la Fig. 1.
  4. On considère que la particule lévite dans une chambre à vide où règne une pression résiduelle . On peut distinguer deux régimes d'écoulement selon la valeur d'un nombre sans dimension, dit nombre de Knudsen, , où est le diamètre de la particule et le libre parcours moyen. Lorsque , le régime d'écoulement est dit continu multiphasique alors que lorsque , l'écoulement est dit libre.
On suppose le gaz parfait monoatomique et on donne le libre parcours moyen
est la densité d'atomes du gaz et est une longueur qui caractérise les collisions entre atomes du gaz.
Dans lequel des deux régimes décrits ci-dessus la particule se trouve-t-elle à cette pression ?
16. Calculer la vitesse quadratique moyenne des atomes du gaz, en supposant qu'il n'y a que du diazote dans une enceinte à 300 K .
17. On considère que la particule en lévitation est en diamant, de capacité calorifique massique . Un laser de puissance est utilisé pour mesurer la position de la particule. Cette puissance, focalisée sur la particule en lévitation, est modulée dans le temps à la pulsation , de sorte que . On considère que de la puissance de ce faisceau est absorbée et transmise à la particule sous forme de chaleur, de sorte que la puissance lumineuse absorbée par la particule est .
On cherche à estimer la température de la particule en fonction du temps.
Les échanges thermiques entre la particule et l'environnement sont d'une part l'apport d'énergie par le laser et d'autre part une fuite thermique vers le gaz thermostaté.
Quelle est la quantité d'énergie perdue par unité de temps, notée , en fonction du coefficient de transfert thermique de surface , des températures du gaz et de la surface du diamant, et de la surface de la particule ?
18. On suppose que la température de la particule est homogène. Écrire l'équation différentielle régissant son évolution temporelle . On posera et .
19. Résoudre cette équation différentielle en considérant qu'au temps , la température de la particule est . Exprimer la solution comme la somme de trois contributions.
20. Donner l'allure de sur un graphe.
21. Quel est le temps caractéristique de passage du régime transitoire au régime permanent ?
On fera l'application numérique en prenant et on rappelle ici que et que la particule est une sphère de diamètre et de masse .
22. Après un temps suffisamment long devant , montrer que la mesure de l'amplitude de la variation de à différentes pulsations de la modulation du laser permet d'accéder à la valeur de la capacité thermique de la particule, connaissant sa surface et le coefficient .

3 La rotation de la particule

On tient maintenant compte du fait que la particule n'est pas ponctuelle et qu'elle peut être sujette à des rotations.
On commence par supposer que ces rotations sont limitées au plan perpendiculaire à l'axe de symétrie de révolution du piège, en repérant l'orientation de la particule dans ce plan par un angle algébrique . On suppose, jusqu'à la question 25 incluse, que la particule est suffisamment bien confinée selon et pour que son centre d'inertie soit constamment confondu avec l'origine . On note le moment d'inertie de la particule par rapport à l'axe , qui est donc dans cette configuration un axe de symétrie de la particule.
23. Les collisions avec le gaz discutées aux questions 15 et 16 donnent lieu à un couple visqueux de la forme . Dans le régime libre introduit à la question 15, on peut montrer que
est la masse de la particule, la pression dans la chambre à vide et la vitesse quadratique moyenne des atomes du gaz. Que vaut pour les valeurs numériques déjà évoquées de ces grandeurs physiques ?
24. On suppose que l'angle oscille autour d'une position d'équilibre et que son évolution temporelle en l'absence de ce couple visqueux peut être décrite comme celle d'un oscillateur harmonique de pulsation propre . À partir du résultat précédent, calculer le facteur de qualité de cet oscillateur tenant compte du couple visqueux.
25. On met la particule en rotation au moyen d'un laser exerçant un couple .
À quelle vitesse angulaire maximale peut-on faire tourner la particule avec ce couple ? On négligera ici le couple de rappel, on utilisera le résultat de la question 23 et on fera l'application numérique pour un couple de module et en supposant la particule homogène et sphérique. On prendra comme valeurs numériques de et celles déjà mentionnées.
26. L'objet des questions suivantes de cette partie (i.e. des questions 26 à 31) est d'étudier les régimes dans lesquels la particule est stabilisée angulairement grâce au piège électrique.
Pour ce faire, on considère désormais que la particule porte deux charges fixées à sa surface en deux points et diamétralement opposés. Désormais, le centre d'inertie de la particule n'est plus nécessairement confondu avec , et on le repère par ses coordonnées dans le repère , comme on repérait la particule ponctuelle dans la première partie. On pose
Enfin on suppose que la particule n'est soumise à aucune autre force que les forces électriques du piège, et on ignorera les effets d'anharmonicité induits par la présence du fil. Montrer que le mouvement du centre de masse de la particule est régi par les mêmes équations que celles de la question 3, à condition de multiplier par deux la charge de la particule.
27. La présence de deux charges électriques à la surface suggère qu'un couple de forces électriques peut exister, influençant la rotation de la particule. Cette rotation n'est a priori plus contrainte au seul plan .
a - Calculer le moment de la force électrique exercée par le piège sur la charge - située en , pour , par rapport au centre du piège.
b- En déduire le moment total des forces électriques par rapport à , noté .
28. Le moment total apparaît comme la somme de deux termes. Lequel est responsable de la rotation instantanée de la particule autour d'un axe passant par ? On le notera . Que décrit l'autre terme?
29. Nous allons maintenant étudier la rotation de la particule, en se donnant un repère défini ainsi :
  • Les axes de ce nouveau repère sont fixés à la particule
  • L'axe pointe à chaque instant dans la direction du vecteur .
Les composantes d'un vecteur quelconque dans le repère peuvent être obtenues à partir de celles de ce même vecteur dans à l'aide de deux angles et , variant au cours du temps, et à l'aide de matrices de rotations (que l'on n'explicitera pas ici).
Nous allons supposer que le vecteur unitaire pointe toujours au voisinage de . On admettra qu'on peut alors écrire
et .
De plus, on admettra que et , où l'on rappelle que est le moment d'inertie de la particule par rapport à un axe quelconque passant par son centre. Écrire les équations différentielles vérifiées par et . On négligera les frottements avec l'air.
30. Comparer les deux équations différentielles obtenues pour et avec celles obtenues pour les variables et à la question 3. On fera apparaître trois constantes et jouant le même rôle que et dans les équations obtenues la question 3.
31. On suppose dans cette question que et .
a - En déduire que les angles et subissent un couple de rappel autour de la valeur nulle sous l'action du piège électrique.
b - Calculer, pour une même particule avec deux charges - diamétralement opposées, le rapport entre la fréquence effective du mouvement de son centre de masse dans la direction (calculée à la question 6, mais pour une particule avec une seule charge) et la fréquence effective associée à son confinement angulaire.

4 Une analogie mécanique

On se propose d'étudier une analogie mécanique du confinement électrique du centre de masse. Une balle (traitée comme un point matériel dans toute cette partie) de masse , non chargée, peut se déplacer sur une surface courbée, de rayon de courbure dans la direction et dans la direction , la direction correspondant à la verticale. On peut considérer que la balle, placée sur cette surface dans le champ de pesanteur, est soumise au potentiel
  1. On fait tourner la surface autour de l'axe , à la vitesse angulaire constante , par rapport au référentiel galiléen du laboratoire, l'origine étant supposée fixe. Rappeler les forces d'inertie qui apparaissent lors de la description du mouvement d'une particule de vitesse dans le référentiel tournant attaché à la surface en rotation. On notera la position de la balle dans ce référentiel.
  2. Écrire les équations du mouvement pour les coordonnées et dans le référentiel tournant . On supposera que le vecteur position de la balle est quasi-orthogonal au vecteur rotation à chaque instant, c'est-à-dire que la courbure est faible.
  3. Chercher des solutions de la forme et et en discuter la stabilité. Tracer un diagramme de stabilité dans le plan .

  1. Cette notation indique que le membre de droite, hors parenthèses, donne la fréquence du signal, et la totalité du membre de droite donne la pulsation en radian par seconde. Donc ici : .
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